Pour Elyès Fakhfakh, il était temps de régler certains comptes politiques et de donner sa version des faits sur les coulisses de son court passage à La Kasbah. Ennahdha, Qalb Tounès, le cas Kamel Eltaief, l’affaire Chawki Tabib et autres, l’ancien chef du gouvernement démissionnaire passe au grand déballage.
Nul ne doute que le passage d’Elyès Fakhfakh à la Kasbah était épineux, difficile, inconfortable et même conflictuel au point qu’il a pris fin par ce que certains appellent le scandale Fakhfakh ou «Fakhfakh Gate». Mais pour lui, ce sont plutôt les complots politiques qui ont mis un terme à son règne. Accordant une interview à la télévision Attessiaa TV, l’ancien chef du gouvernement Elyès Fakhfakh n’y est pas allé par quatre chemins pour accuser ce qu’il appelle l’axe Ennahdha – Qalb Tounès d’avoir comploté la chute de son gouvernement sur fond d’une affaire de soupçons de conflits d’intérêts. «On m’a proposé un deal que j’ai refusé, je devais coûte que coûte faire participer Qalb Tounès au gouvernement, ce que j’ai catégoriquement rejeté», a-t-il affirmé, ajoutant que s’il avait accepté la participation de Qalb Tounès au gouvernement, il serait encore à La Kasbah aujourd’hui.
C’est d’ailleurs dans ce contexte politique qu’Elyès Fakhfakh a tiré à boulets rouges sur le président du parti Qalb Tounès, Nabil Karoui l’accusant de corruption et assurant qu’il est un personnage «très douteux et qu’il traîne encore plusieurs affaires en justice».
Au fait, pour Elyès Fakhfakh, Ennahdha et Qalb Tounès incarnent un axe «qui vise à mettre la main sur les rouages de l’Etat», appuyé notamment par «certains cercles d’influence et de lobbying». «Ces deux partis visant à s’emparer de l’Etat sont appuyés par des cercles d’influence conduit notamment par l’affairiste Kamel Eltaïef», a-t-il même accusé. En effet, évoquant le cas de l’homme d’affaires Kamel Eltaïef, l’ancien locataire de La Kasbah considère que ce dernier exerce une grande influence sur la situation en Tunisie, d’autant plus qu’il œuvre dans les coulisses. «Cet homme manipule certains journalistes, des agents dans l’administration et même des sécuritaires. Il veut exercer un certain pouvoir et maîtriser la scène nationale», a-t-il dit.
Pour ce qui est du rendement du Président de la République, Fakhfakh a évoqué les prérogatives du Chef de l’Etat qui lui permettent seulement d’agir au niveau de la sécurité nationale et de la politique étrangère. Il a ajouté dans ce sens que Kaïs Saïed maîtrise tout de même la situation et est au courant de toutes les tentatives de complots.
Des mafias influentes
Evoquant les coulisses du pouvoir en Tunisie, Fakhfakh a fait état de ce qu’il appelle l’influence des lobbies en Tunisie, affirmant, dans ce sens qu’il y a « des mafias » qui influencent l’opinion publique, notamment à travers « certains pseudo-journalistes » et en faisant usage des pages sponsorisées sur les réseaux sociaux.
Dans son grand déballage, Elyès Fakhfakh n’a pas épargné l’ancien président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Chawki Tabib, qu’il avait lui-même limogé il y a quelques semaines. Elyès Fakhfakh est allé jusqu’à dire que Chawki Tabib «représente un danger pour la Tunisie». Il a précisé, dans ce sens, que Tabib était sujet de plusieurs plaintes portées contre lui, et qu’il a créé une entité parallèle à l’Etat. «Tabib a violé l’Instance et a également mené des opérations d’extorsion et de chantage au cours de son mandat», a-t-il dit.
Réagissant à ces propos, la réponse de Chawki Tabib n’a pas tardé. Sur sa page Facebook, ce dernier a posté un court message adressé à Fakhfakh, «Oui Monsieur Elyès Fakhfakh, je l’avoue : je représente un danger pour la Tunisie corrompue… et je le resterai. La justice tranchera entre nous», a-t-il écrit.